Ils étaient agriculteurs et, sur ce côté au soleil de la montagne, ils cultivaient tout ce dont une famille éloignée de tout par la distance et le relief avait besoin pour vivre : un peu de blé, de la vigne, des légumes. Les terres les plus riches et les mieux abritées du Mistral et des écarts brutaux de température sont celles des quartiers des Bastians, du Couvent ou du Couvent Méridional.
Ils pratiquaient la cueillette des champignons (cèpes et sanguins), et la chasse dans une forêt giboyeuse qui comptait, outre les sangliers qui y ont toujours été chez eux, nombre de perdreaux, de lièvres et lapins, de chevreuils, et de renards.
Le sanglier, dont on goûte la délicieuse daube avec plaisir était le plus grand prédateur des cultures vivrières de nos ancêtres locaux. Il devint un véritable ennemi quand des cultures économiques se développèrent : culture du narcisse, de la fraise, renommée et recherchée pour son parfum, et surtout de la châtaigne dont ces animaux raffolent. Comme dans toutes les régions rurales, nos anciens étaient donc chasseurs de sangliers, de renards qui dévoraient leurs poulaillers, et de quelques autres animaux destinés à améliorer un ordinaire … très ordinaire : ici la terre n’est pas très généreuse et l’eau manque. Les fleurs y sont toutefois plus parfumées et les abeilles s’en régalent.
L’agriculture économique la plus récente, la culture de la fraise, connut un coup d’arrêt brutal à la création du Marché International de Nice qui imposa des normes de calibrage à ces fruits cultivés artisanalement qui perdirent dès lors leurs débouchés, malgré leur qualité exceptionnelle. L’eau courante, arrivée en 1957, était trop chère et trop rare pour concurrencer les lieux de culture intensive qui se créèrent alors, comme à Carros.
La forêt a apporté du travail à tous les hommes qui l’ont modelée en fonction de leurs besoins à travers l’histoire . Les hommes de notre village étaient souvent bûcherons, leveurs de liège, ou charbonniers. Puis ce sont les ressources minérales de l’Estérel qui ont été exploitées. Les hommes travaillaient dans les mines mais se réservaient l’été le temps du si pénible levage du liège.
L’exploitation industrielle de spath-fluor (Garrot, Fontsante) utilisé dans la fabrication de l’aluminium envoya au fond des puits beaucoup de jeunes hommes du village aujourd’hui rattrapés par la cinquantaine et la douleur des blessures reçues pendant leur activité. Ces mines, fermées à l’exploitation depuis la fin des années 80 sont placées sous la surveillance de la D.R.I.R.E. qui veille au respect de la sécurité sur ces sites. Fontsante en particulier appelle toute vigilance par sa situation en amont du lac de Saint-Cassien, réserve d’eau potable de l’Est-Varois et de la région Cannoise.
Dans notre village même, c’est le tungstène qui fut un temps exploité. Il en reste une construction en béton sur la D837, quartier de la Baisse, qui servait de récepteur-distributeur du minerai. Le site minier, parfaitement remis en état par son exploitant, est aujourd’hui retourné à la forêt.
La disparition de l’agriculture, l’arrivée de l’eau courante, la fermeture des mines mais aussi la création d’un échangeur sur l’autoroute A8 ont bouleversé notre village. Pour trouver un second souffle, alors qu’il comptait moins de 300 habitants asphyxiés par la disparition de leur économie, il s’est ouvert aux citadins que nous fûmes dans notre grande majorité.
Aujourd’hui, nous sommes plus de 2 500 à partager avec bonheur une belle qualité de vie.