Petites leçons de toponymie locale ou comment lire nos paysages dans le texte.
Un toponyme est le nom propre attribué à une entité géographique. “Toponyme” – du grec topos (lieu) et onoma (nom) – est en quelque sorte synonyme de “nom géographique”. La nature d’un toponyme peut être précisée. Ainsi, par exemple, selon qu’un toponyme est lié à l’eau, à une voie de communication ou au relief, on parlera plus spécifiquement d’hydronyme, d’odonyme ou d’oronyme.
Mais alors quelle est la signification de “Léis Adré dé l’Esterèu” ?
La parole est au “chantre de l’Estérel”, notre ami Georges Cappa :
“Autrefois notre village s’appelait Les Adrets de Montauroux, le Mount Aurous, mont “venteux “ou “doré” étant la montagne au sud de laquelle se situe notre village. Les Adrets de l’Estérel, en provençal Lèis Adré dé l’Esterèu, représente un ensemble de petits “adré”, formant un joyau dans son écrin, “l’Esterèu”.
On compte en France 176 lieux-dits “Les Adrets” auxquels il faut ajouter la forme au pluriel Adrechs, représentée 30 fois en Provence. Ce mot provençal adré (en ancien provençal adrech) signifie au propre “en direction de…” : c’est une préposition. Par exemple, “èro adré de iéu” veut dire “il était en face de moi”.
Par extension, “èstre à l’adré” signifie “être en face du soleil”. Tous les versants ne peuvent être des adré. Pour mériter ce nom, le lieu-dit doit recevoir les rayons venant du sud. Il perd ce privilège si une hauteur lui fait de l’ombre. Et comme l’endroit a son envers, l’adré a son uba.
On trouve dans “Lou trésor dôu félibrigié” de Frédéric Mistral :
- Adré : vis à vis, en face, en regard
- Adré engaubia és un adré : c’est un homme adroit.
En bref, Léis adré dé l’Esterèu, les pentes méridionales de l’Estérel, un endroit ensoleillé où il fait bon vivre.”
Nous adressons nos sincères remerciements à Monsieur Cappa pour sa participation à l’enrichissement de notre mémoire collective.